Une plante est dite carnivore si elle est capable d'attirer, de capturer et de digérer de petits animaux pour subvenir à ses besoins. La plupart du temps ses proies sont des insectes.

Pour attirer leurs proies, elles se vont se parer de couleurs spécifiques ou produire des nectars sucrés. Pour les capturer, elles ont développé différentes stratégies :

  • l’engluer grâce à un mucilage : c’est le cas des Drosera et des Pinguicula
  • se refermer très rapidement sur elle comme la célèbre Dionée
  • la noyer dans une urne comme celle des Sarracenia ou des Nepenthes
  • l’aspirer comme le font les Utricularias et les Genlisea.

Pour digérer l’insecte capturé, soit la digestion est assurée par des bactéries, soit c’est la plante qui produit des enzymes qui vont dégrader ses tissus.
 

Habitats naturels

Les plantes carnivores se rencontrent dans pratiquement toutes les régions du monde. Leur habitat peut être terrestre, aquatique, semi-aquatique ou épiphyte. Mais il s'agit toujours de biotopes très pauvres, souvent très acides et carencés en minéraux (comme les tourbières, les sols sableux, les plateaux rocheux…).

C'est ce manque en azote et en sels minéraux qui a conduit ces plantes à développer un caractère carnivore au fil de l’évolution.

Les plantes carnivores ne sont pas toutes exotiques, elles poussent un peu partout dans le monde y compris en Europe et en France où on peut trouver les Drosera, Pinguicula et Utricularia.
 

Classification

Il existe plus de 600 espèces de plantes carnivores qui se répartissent en une dizaine de familles : les Droseraceae, Sarraceniaceae, Lentibulariaceae… et 18 genres (Dionaea, Drosera, Sarracenia, Pinguicula, Nepenthes…).

Cette classification n'est cependant pas figée car on continue à découvrir chaque année de nouvelles espèces.
 

Culture

La clé de la réussite est de leur fournir des conditions se rapprochant le plus possible de celles de leur milieu naturel :

  • un substrat très pauvre en sels minéraux : tourbe blonde, sphaigne vivante, sable non calcaire, perlite…
  • de l'eau de pluie en abondance
  • beaucoup de soleil

Quelques genres de plantes carnivores

Dionées

Nom vernaculaire : gobe-mouches de Vénus

Famille : Droseraceae

Origine : côte est des États-Unis (Caroline du Nord et du Sud)

Le saviez-vous ?
Son nom lui a été donné en hommage à la déesse grecque Dioné (mère d’Aphrodite) par John Ellis en 1768. Il sera d'ailleurs le premier à évoquer le possible caractère carnivore de cette plante. Diderot le suggèrera à son tour en 1775 mais ce n’est qu’en 1875 que Charles Darwin parviendra à le prouver.

En bref : il n'existe qu’une seule espèce, Dionaea muscipula, mais des dizaines de cultivars ont été créés par les collectionneurs.

Les dionées poussent sur des prairies humides et acides sous un climat subtropical à hivers frais et à étés chauds et humides.

Leurs feuilles se sont transformées au cours de l’évolution pour devenir un piège assurant la capture de petits animaux. La proie, le plus souvent un insecte volant, est attirée par la couleur rouge de l’intérieur du piège. En se posant, il a de grandes chances de toucher deux fois l’un des trois cils qui tapissent les lobes de la feuille. Le piège se referme alors sur l’insecte en moins d’une seconde. Des sucs digestifs sont alors sécrétés et une lente digestion de plusieurs jours commence. Il faut 2 à 3 semaines à la plante pour digérer un insecte. À terme, l’intérieur de l’insecte est complétement dissous par les enzymes, il ne reste que son squelette externe qui est rejeté. Les pièges sont de plus petite taille en hiver lorsqu'il y a moins d'insectes.


Dionées
Dionées - © SCECCP, UT3

Droséras

Nom vernaculaire : rossolis

Famille : Droseraceae

Origine : les droséras se rencontrent sur les cinq continents mais c’est en Australie qu’il y a la plus grande diversité d’espèces.

Le saviez-vous ?
Le premier texte faisant mention de la droséra date du XIIe siècle où on parle déjà de « Herbe Sole », herbe du soleil, qui donnera plus tard « Ros Solis » ou rossolis. Le terme droséra a été donné par Linné en 1753 par allusion à la rosée (dros). On lui attribue de nombreuses vertus magiques en raison de son étonnante capacité à conserver la rosée dans la journée.

En bref : les droséras poussent dans des zones humides de type tourbières, en plaine ou en montagne. Toutefois, du fait de leur vaste répartition mondiale, elles se développent sous des climats très contrastés avec parfois une période de dormance.
On compte à l’heure actuelle environ 187 espèces. En France, on trouve trois espèces en tourbière : Drosera anglica, Drosera intermedia et Drosera rotundifolia, ainsi qu'un hybride : Drosera x obovata.

Leur piège est semi-actif. L’insecte (mouche, papillon etc.) est attiré par le mucilage se trouvant à l’extrémité des poils. Ce mucilage est sucré pour l’attirer et gluant pour le capturer. Une fois l’insecte pris au piège, les poils se recourbent doucement pour le plaquer contre la feuille où se trouvent les glandes digestives. Ce sont ces mêmes poils qui sécrètent les enzymes digestives.

Drosera aliciae
Drosera aliciae - © SCECCP, UT3
Drosera
Drosera - © SCECCP, UT3

Nepenthes

Famille : Nepenthaceae

Répartition : les népenthès sont présents de Madagascar jusqu’au nord de l'Australie.

Le saviez-vous ?
Les premières espèces ont été décrites par Étienne de Flacourt en 1658 à Madagascar sous le nom d'Anramitaco.
Le nom actuel de népenthès a été attribué par Carl von Linné en 1753. Leur caractère carnivore n'a été établi qu'au début du XXe siècle.

En bref : on dénombre environ 120 espèces de népenthès, plus quelques dizaines d'hybrides.
Les deux principaux centres de diversité de cette plante sont les îles de Bornéo et de Sumatra. Elle pousse dans des savanes ou des forêts humides du niveau de la mer jusqu’à plus de 3 000 mètres d’altitude.
Il s'agit d'une plante terrestre ou épiphyte (fixée sur des arbres) qui forme des lianes de plusieurs mètres. Les individus sont dioïques, c’est-à-dire qu’il existe des pieds mâles et des pieds femelles.

Leur urne est un piège passif qui se forme à l'extrémité du limbe de la feuille. Les proies (surtout de petits insectes) sont attirées par le nectar et les couleurs attrayantes du pourtour de l'ouverture du piège, aussi appelé péristome. Elles tombent ainsi dans l’urne et ne peuvent pas remonter car la face interne du piège est glissante. L'insecte se noie donc dans le liquide digestif qui se trouve au fond de l'urne avant d’être digéré par les enzymes sécrétées par la plante.

Nepenthes
Nepenthes - © SCECCP, UT3

Pinguiculas

Nom vernaculaire : grassettes

Famille : Lentibulariaceae

Origine : Amérique du Nord, Mexique, Europe


Le saviez-vous ?
Connues en Occident depuis l'Antiquité, les grassettes ont été longtemps utilisées pour faire cailler le lait. Ce genre a été créé en 1753 par Carl von Linné en référence à leur aspect charnu et leur caractère carnivore a été établie par Charles Darwin en 1875.


En bref : il existe actuellement environ 70 espèces qu’on rencontre surtout dans l'hémisphère nord. Les principaux centres de diversité sont le Mexique et l'Europe.
Ces plantes poussent souvent accrochées aux parois des falaises humides. Leurs habitats naturels sont les prairies humides, les bords de ruisseau, les marais, tourbières et rochers.
Les pinguiculas sont couvertes de poils glanduleux (25000 poils par cm2). Les cellules assimilatrices sécrètent du suc. Les feuilles sont disposées en rosette et la hampe florale porte une fleur unique munie d'un éperon. Les fleurs présentent une grande diversité de couleurs.
Leur piège est semi-actif. Les petits insectes volants sont attirés et collés par le mucilage se trouvant sur la feuille. La feuille s'enroule ensuite sur sa proie pour augmenter la surface de contact et mieux la digérer.

Pinguicula
Pinguicula - © SCECCP, UT3

Pinguicula
Pinguicula - © SCECCP, UT3

Sarracenias

Famille : Sarraceniaceae

Répartition : du sud-est des États-Unis jusqu’au Canada

En bref : il existe seulement 13 espèces de sarracenias, mais des dizaines d’hybrides et de sous-espèces sont apparus par croisement. Elles vivent dans différents types d’habitats très humides : marais, tourbières et prairies.
Ce sont des plantes terrestres à pièges passifs. Les feuilles se sont transformées pour former un cornet (urne ou ascidie) qui est surmonté d’une coiffe qui a pour rôle d’attirer les proies et d’empêcher la pluie de rentrer dans le piège. Les proies, principalement des insectes volants (mouche, guêpe, coléoptère etc.), sont attirées par le nectar et par les couleurs vives du piège, puis tombent dans l’urne s'il s'est approché trop près du bord glissant (péristome). Elles meurent ensuite par épuisement en essayant de sortir du piège. La plante produit alors des enzymes pour les digérer.

Sarracenia
Sarracenia - © SCECCP, UT3
Sarracenia
Sarracenia - © SCECCP, UT3

Utriculaires

Famille : Lentibulariaceae

Répartition : les utriculaires sont présentes sous toutes les latitudes et tous les climats à l'exception des zones désertiques et polaires.

Le saviez-vous ?
Le genre Utricularia a été décrit pour la première fois en 1753 par Carl von Linné.

En bref : actuellement, environ 220 espèces on été décrites. On trouve quatre espèces en France (toutes aquatiques) : Utricularia minorUtricularia intermedia, Utricularia australis et Utricularia vulgaris.
Elles vivent dans différents d’habitats naturels : marais, tourbières, terrains sablonneux, eaux calmes, forêts tropicales de plaine ou de montagne. Ce sont des plantes aquatiques, terrestres ou épiphytes et ont deux types de feuilles : des feuilles " normales " qui assurent la photosynthèse et des feuilles modifiées en forme d’outre qui assurent la capture des proies.
Leur piège est un piège actif constitué d'une petite outre (utricule) dont l'ouverture est obstruée par un voile entouré de poils sensitifs. Les petits animaux présents dans le sol ou dans l'eau (crustacés par exemple) en touchant les poils sensitifs activent le piège. Le voile se lève alors et l'eau entre rapidement dans l’outre en entrainant la proie. Le piège se vide ensuite de son eau puis commence à sécréter des enzymes pour les digérer.

Utricularia bisquamata
Utricularia bisquamata - © SCECCP, UT3