Publié le 15 juillet 2020–Mis à jour le 15 juillet 2020
Que seraient les sorcières sans leur équipement ? Balais, flûtes et baguettes sont des outils indispensables dont le matériau doit être choisi avec soin : sureau noir, genêt à balais, bruyère à balais et noisetier sont souvent préférés pour un usage magique.
Le sureau noir : un symbole ambigu
À la fois symbole de mort et de renaissance, protecteur et malfaisant, la symbolique du sureau est très ambigüe. Les sorciers se pressaient de le couper quand sonnaient les douze coups de midi à la Saint-Jean, car ceux-ci éloignaient les démons. Aussi appelé l’ « arbre aux fées » par les Celtes car il abrite dans son bois creux de nombreux esprits, il servait à confectionner des flûtes magiques permettant aux druides de communiquer avec les défunts. Les esprits de la forêt s’y réfugiaient tout l’hiver ainsi qu’au printemps et ses fleurs blanches annonçaient la réincarnation des défunts. Chez les Celtes, il était interdit de couper cet arbre fortement associé à la protection et à la renaissance.
En revanche, dans le culte chrétien, la mort est crainte et synonyme de souffrance : le sureau est donc redouté, il devient l’arbre de la mort. Sa ressemblance avec l’hièble des profanes, un arbre utilisé par les sorciers, lui valut sa mauvaise réputation à l’époque des chasses aux sorcières. Lorsque quelqu’un avait été ensorcelé, il était recommandé de frapper un habit avec un bâton de sureau afin que les coups infligés au vêtement heurtent le sorcier coupable, le forçant ainsi à retirer son maléfice.
Sureau noir et genêt à balais, un duo redouté
Grâce à son bois creux, le sureau est une excellente essence pour les baguettes de sorcellerie : on peut introduire dans la baguette des herbes spécifiques aux sortilèges souhaités afin d’augmenter leur puissance par exemple. Il est aussi l’essence favorite des balais de sorcières, dont le manche est en sureau et le corps en genêt. En effet, pendant très longtemps, le genêt à balais est la plante de prédilection pour la fabrication des balais – et pas seulement ceux des sorcières – en France. Aussi surnommé la « verge des ménagères », on prête au genêt des propriétés protectrices ainsi que la capacité de refouler les tentations des femmes qui s’éprendrait de quelqu’un d’autre que leur mari si elle s’assoie sur le fagot du balai tout en mastiquant des fleurs de genêt. Le mythe de la sorcière se rendant discrètement au sabbat sur son balai n’est pas bien loin… Dans la mythologie nordique, cet arbre est l’allié du dieu du tonnerre, protège de la foudre et inspire la crainte dans la culture populaire.
Le noisetier, sorcellerie ou sourcellerie ?
À la fois solide et souple, le bois de noisetier est une essence très utilisée dans la fabrication de baguettes en tout genre. Dès le XVe siècle, les baguettes de noisetier- autrefois appelé coudrier - font leur entrée à la cour de France grâce aux sourciers, qui prétendent trouver de l’eau, des sources de minerais, l’origine d’une maladie ou encore des criminels à l’aide d’une baguette de noisetier. Aujourd’hui considéré comme une pseudoscience, ce procédé divinatoire repose sur l’activité des radiations qui émaneraient des objets et des corps, que la baguette de noisetier permet de détecter. Cet usage vient du dieu grec Hermès, qui possédait une baguette divinatoire en bois de noisetier - arbre de l’amour chez les Romains - offerte par Apollon. Celle-ci était porteuse d’amour et de vertu et Hermès s’en servait pour enseigner aux peuples l’amour et l’harmonie, elle avait également le pouvoir d’endormir ou de réveiller les hommes. Mais les pouvoirs du noisetier ne s’arrêtent pas là : celui-ci était aussi capable de réconcilier les êtres divisés par la haine ou la jalousie. En effet, c’est grâce à ce pouvoir que Mercure (l’Hermès des Romains), parvint à réconcilier deux serpents qui se battaient : il lança sa baguette sur les serpents qui, aussitôt, s’enroulèrent autour de celle-ci, ce qui donna le caducée, emblème des professions médicales.
Protectrices, malfaisantes ou encore symbole d’amour, ces plantes font partie intégrante du mythe des sorcières et sorciers, ce qui a alimenté leur réputation parfois sulfureuse.
Crédits image :
Image 1 : Gravure sur bois de Georgius Agricolas " De re metallica libri XII " Basel, 1556.