Publié le 1 septembre 2020 Mis à jour le 2 septembre 2020

Plante alimentaire originaire d’Afrique, le sorgho occupe une place très importante dans l’alimentation, la culture et les traditions de plusieurs pays africains, et commence même à intéresser les Européens.


Au Burundi, le rituel de semailles du sorgho était nommé « Muganuro ». Il s’agissait d’une des fêtes nationales les plus importantes : ce n’est qu’après ces cérémonies qu’il était autorisé de planter le sorgho. Celles-ci constituaient donc un repère temporel très important. Cette céréale jouait également un rôle social, symbolisant le fruit du travail, une sociabilité réussie ainsi que l’ordre politique. En effet, la fête annuelle des semailles accordait le droit de cultiver le sorgho et avait donc une forte portée symbolique, puisqu’elle permettait aussi de légitimer le pouvoir royal.

En prévision du rituel, de la bière et des pâtes de sorgho étaient préparées. Pour déterminer la date favorable du début des cérémonies, les devins sacrifiaient un mouton. Commençait ensuite un rituel autour des grains de sorgho qui étaient successivement transvasés dans différents types de récipients, chacun avec ses propriétés : abondance des récoltes, protection contre les oiseaux, bonne prise dans la terre, éloignement des mauvais sorts et des voleurs. Ce rituel comprenait des séances divinatoires, des repas, des prestations au tambour, mais aussi des manifestations de joie collectives.

 


C’est le roi qui semait les premiers grains de sorgho : il allumait un feu puis donnait un coup de pioche dans la terre et semait les grains à la volée. À cet instant, on se précipitait pour ensemencer les champs du roi, qui distribuait ensuite des semences aux différents chefs pour qu’ils fassent de même dans leurs parcelles. Quelques jours plus tard, quand apparaissaient les premières pousses de sorgho, le roi proclamait la fin de la période des semailles. Ces pratiques ressemblent d’ailleurs à celles liées à une autre céréale : l’éleusine. Ces deux céréales font partie du patrimoine agricole africain et suivent sensiblement le même rythme annuel de production. Elles ont donné naissance à plusieurs recueils de contes, récits, dictons et devinettes qui montrent qu’elles symbolisaient la prospérité et la qualité des rapports sociaux. Cependant, le Muganuro a été supprimé en 1929 suite à la mise en place d’une administration coloniale belge qui a notamment bouleversé la répartition de la main d’œuvre entre les secteurs.

Le sorgho est cultivé depuis longtemps en Europe pour l’alimentation animale et, depuis quelques années, prend part aux réflexions liées à l'alimentation humaine. En raison du peu d’eau que demande sa culture ainsi que de l’absence de gluten dans le sorgho, celui-ci intéresse l’Europe, qui subit de plus en plus de sécheresses ces dernières années.



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Image 1 : Grains de sorgho mélangés à des grains de millet commun ©  CC BY / INRA DIST from France